CONGRÉGATION DES SOEURS DE
L'ENFANT-JÉSUS DE CHAUFFAILLES
(Province du Canada)
Tchad
En 1977, période de guerre, les Soeurs oblates de St-Joseph, après plusieurs années de grand dévouement au Tchad, décident de quitter le pays, laissant derrière elles une population démunie et pauvre à tous points de vue.
Mgr. Régis Belzile, capucin canadien, alors évêque de Moundou, lance un appel aux Soeurs de l'Enfant-Jésus pour prendre la relève.
Commence alors un discernement. Se rappelant le désir de Mère Antier de voir ses filles travailler au Règne de Dieu en donnant la préférence aux petits et aux pauvres, les Responsables de la Congrégation délèguent 2 canadiennes : S. Denise Lachance et S. Rita Ménard pour aller sur les lieux explorer les besoins, et évaluer la situation. Nos deux soeurs reviennent bouleversées de ce qu'elles ont vu : maisons détruites, écoles fermées, enfants dénutris, lépreux exclus et malades non soignés, manque d'eau et d'hygiène. Sans tarder, elles font rapport de leur visite à S. Noëlla Frève, supérieure générale.
L'étude se poursuit en concertation avec les Responsables générales et provinciales, et se termine par la décision d'ouvrir une mission en Afrique, moyennant un objectif bien précis ; celui de former une communauté qui témoignerait de l'internationalité de la Congrégation.
Trois soeurs sont donc mandatés pour cette mission : S. Annette Bérubé qui avait vécu 25 ans au Japon ; S. Claudia Pastre, française et S. Claudette Roy qui revenait de la République Dominicaine. Ainsi, chaque Province religieuse se sentirait concernée par la mission en Afrique.
Le premier départ s'effectue le 18 septembre 1980, et il est entendu que cette insertion en Afrique serait sous la juridiction de la Supérieure générale et de son Conseil.
Selon le désir de Mgr. Belzile, nos soeurs s'établissent au sud du Tchad, à Lai, chef-lieu de la préfecture de Tanjile, ville d'environ 20 000 habitants, sur les berges du fleuve Logone.
Les besoins sont nombreux et nos missionnaires se mettent à l'oeuvre sans tarder et avec tout leur coeur. Leur première préoccupation est de prendre contact avec la population. Elles reçoivent un accueil chaleureux, tant du clergé que des tchadiens; bien que ces derniers regrettent le départ des Soeurs oblates de St-Joseph. Elles ont la chance de trouver en arrivant une maison propre et laissée en bon état par les Soeurs de St-Joseph. Ce qu'elles apprécient par-dessus tout, c'est la présence de Pères et Frères capucins expérimentés qui les épaulent et les soutiendront en toutes circonstances.
S. Annette se dévoue dans le village de Laï. Elle donne des cours à l'école Kisito (nom d'un des martyrs de l'Ouganda), prend la responsabilité de mouvements tels que les JOC, les Guides et les Jeannettes, et offre des temps d'accueil à la résidence des soeurs pour répondre à de nombreuses personnes dans le besoin : malades, affamés, sans abri, etc.
S. Claudia choisit de soigner les malades des régions de brousse, donne des conseils enalimentation et en hygiène, et distribue des médicaments aux pharmaciens de brousse. Son dévouement n'a pas de limites.
Et voilà que l'épreuve s'abat sur la mission. Après seulement quelques mois, S. Claudette Roy doit revenir au Québec pour raisons de santé. Puis, un soir de mars, un évènement tragique se produit près de la maison. Un jeune séminariste tchadien, qui faisait l'espérance de l'Église diocésaine, est tué à coups de couteau au sortir de la messe. C'est la consternation dans le village.
Pour faire réfléchir les gens, Mgr. Belzile ordonne aux missionnaires : prêtres, frères et soeurs de se retirer de Laï pour un certain temps. Et nos deux soeurs se retirent à Guidari pour un exil de six mois. Elles vont prudemment à Laï pendant une demi-journée pour mettre ordre aux affaires importantes et apporter quelques effets personnels.
Le séjour à Guidari est un temps de purification pour nos missionnaires au coeur ardent; ce qu'elles ignorent, c'est qu'elles ouvrent la voie à d'autres religieuses de l'Enfant-Jésus qui viendront plus tard prendre la relève en ce milieu. Pour le moment, elles demeurent dans la maison des oblates de St-Joseph qui n'ont pas encore quitté définitivement le Tchad. Elles profitent aussi de la présence du Père Raymond Angers, curé de Guidari, et puisent leur force dans l'Eucharistie.
Enfin, en septembre 1981, elles peuvent regagner Laï et reprendre contact avec les gens du milieu. Les retrouvailles sont impressionnantes et nos deux soeurs sont heureuses d'offrir leurs services dans une disponibilité journalière.
C'est un nouveau départ...
Soeur Annette Bérubé
Dès leur arrivée à Laï, nos vaillantes missionnaires se sont mises au travail: S. Claudia a commencé sa vie de brousse: traitements, soins, couture, prévention et formation à l'hygiène. S. Annette a assuré, peu à peu, une présence active à l'école Kisito, au centre de couture, et à la maison de Laï.
11 septembre 1982 : Grande émotion au village, 1 000 militaires, font leur apparition. L'école Kisito est envahie, c'est l'insécurité partout. Plus d'école,sécheresse et famine sévissent, les gens vivent dans la peur permanentedevant la présence des militaires.
Heureusement, nos soeurs peuvent aider la population avec l'argent de Caritas Japon, et l'intervention de la Croix-Rouge, mais c'est très peu devant tant de souffrances.
Les missionnaires se serrent les coudes; une grande solidarité se créeentre les capucins de la mission et les soeurs qui voient leur groupe se renforcir avec l'arrivée de S. Ide Aiko. (juin 82) et de S. Myake Yolo (octobre 82). L'épreuve continue de s'abattre sur la petite communauté, car S. Claudia entre en France en novembre 83 pour y mourir d'un cancer. Cette amie des pauvres offre sa vie pour les Tchadiens qu'elle aime tant.
Octobre 84: L'arrivée de S. Arizono Yoriko et de S. Clotilde Chénard ranime l'espérance de cette communauté marquée par la situation de guerre qui persiste.
Noël de cette année 1984 fut apparemment triste: pas de chants à l'église, pas de danses dans le quartier, à cause de la présence des militaires. Ça été un Noël d'intériorité, et qui nous dira le sens qu'a pris pour ses gens la Parole d'Isaïe ? "Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu selever une grande lumière !"
Un reflet d'espérance traverse le climat qui demeure tendu: le 12 mai 1985, nos soeurs se rendent à Moundou pour le sacre d'un nouvel évêque, Mgr Gabriel Balet, capucin suisse. C'est une grande joie pour la chrétienté du Tchad, mais ce dernier mourra tragiquement dans l'accident d'avion qui s'est écrasée dans le Sahara en septembre 89.
À travers peines et joies, la mission se construit à Laï et en banlieue. Nos soeurs forment une communauté de 5 personnes. Elles apportent leur collaboration à la paroisse de Deressia, s'insèrent à l'école Kisito, au Centre de couture, travaillent à la création d'un jardin d'enfants, à la promotion féminine et aux soins de santé, dans le village et dans les brousses environnantes.
Le temps n'est-il pas venu d'élargir le champ missionnaire? Progressivement, la communauté passe de 5 à 10 soeurs par les arrivées successives des soeurs: Uchida Mariko, Étiennette Lebel, Wakiyama Mikiko,Nagase Sayoko et Owan Tomiko.
En janvier 1988, à la demande de Mgr Vandame, archevêque de N'Djaména, S. Lucille Tardif, alors supérieure générale, autorise quelques soeurs à se rendre dans cette ville pour juger de la situation. Après discernement, 3 soeurs sont mandatées pour s'occuper du Centre d'accueil de Kabalaye, situé sur le terrain de l'évêque de M'Djaména ; ce sont : SS. Annette Bérubé, Nagase Sayoko et Wakiyama Mikiko. Par leur dévouement et leur sens de l'accueil, elles redonneront vie au Centre.
Bientôt, s'ajoute S. Graziella Grandmaison, et la joie règne en cette communauté, si bien que quelques mois après l'arrivée des soeurs dans la capitale, Mgr Vandame ne craint pas d'écrire: "Un des plus beaux cadeaux de mon mandat, fut l'arrivée des soeurs de l'Enfant-Jésus au Centre d'accueil". Quel réconfort pour nos soeurs !
Toujours à la demande des évêques, un nouveau rameau prendra racine à Guidari en avril 1989. Quatre de nos soeurs éliront domicile dans ce nouveau champ d'action : S. Wakiyama Mikiko, S. Owan Tomiko et S. Uchida Mariko, ainsi que S. Étiennette Lebel qui se joindra à elles sans tarder.
Tout est à faire: réparation des bâtiments (dispensaires, résidence, centre de couture, chapelle), réorganisation des services pour les malades, les enfants de l'école, et collaboration avec les prêtres pour la vie de la communauté chrétienne. Nos soeurs se mettent courageusement à l'oeuvre, essayant de continuer le travail fait par leurs devancières, les Soeurs Oblates de S. Joseph qui ont quitté pendant la guerre.
Ces trois insertions, à Laï, à N'Djaména, et à Guidari voient leur champ d'apostolat s'élargir d'année en année, et ne cessent de progresser avec une relève qui se maintient. La mission compte aujourd'hui 13 Soeurs de l'Enfant-Jésus, et a bénéficié occasionnellement de l'aide de dévouées laïques. Cette expansion se réalise à l'intérieur d'une Église où l'Esprit Saint est manifestement à l'oeuvre. De 4 diocèses à l'arrivée de nos soeurs en 1980, cette Église est passée à 8 diocèses pendant les 15 dernières années. Elle compte actuellement 3 évêques tchadiens et une trentaine de prêtres issus du pays.
Listes des soeurs
missionnaires au Tchad
1980
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S. Claudia Pastre
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S. Annette Bérubé
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S. Claudette Roy
1982
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S. Aiko Ide
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S.Yôko Miyake
1984
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S. Yoriko Arizono
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S. Clotilde Chénard
1987
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S. Mariko Uchida
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S. Étiennette Lebel
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S. Sayako Nagase
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S. Tomiko Owan
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S. Grazie Grandmaison
1989
-
S. Mikiko Wakiyama
1991
-
S. Hiroko Matuyama
1994
-
S. Shizuyo Taïra
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S. Takako Irie
1995
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S. Lucille Morin
1996
-
S. Monique Landry
1997
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S. Hiromi Yamoto
2000
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S. Cécile Lapointe
2003
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S. Marie Hioki
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S. Yoshimi Izumi
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S. Annette Gasse
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S. Minako Ueno
2005
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S. Magella Ouellet
Missionnaires laïques
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Jeannine Brochu
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Melita Harvey
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Florence Hortet
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Martine Larrivée
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Adèle Roy
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Lucille Raymond