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                                                     Le charisme de Reine

                                                        Antier dans la vie

                                                      d'un couple

 

 

                                                                                                Témoignage de Gilles Pelletier et Diane Côté

 

 

 

 

Il y a 150 ans, le 14 septembre 1859, naissait officiellement dans l'Église la Congrégation des Sœurs de l'Enfant-Jésus, à Chauffailles, en France. Reine Antier en est la fondatrice. Maintenant dispersée à travers le monde, cette congrégation est implantée au Québec depuis 1912; on la retrouve à Rivière-du-Loup en 1917. Leur charisme de « manifester le mystère d'amour d'un Dieu qui se fait enfant en Marie », est vécu à travers divers engagements au service de la vie. Si de nombreuses femmes ont consacré leur vie à la suite de Mère Antier, aujourd'hui des laïques font la découverte de cette femme de Dieu et demandent à partager son charisme.

 

Lors de leur chapitre provincial en 2007, à Rivière-du-Loup, les Sœurs de l'Enfant-Jésus ont invité Diane Côté et Gilles Pelletier, un couple de l'endroit, à donner leur témoignage personnel en tant que personnes associées. Partageant le charisme de Reine Antier depuis une dizaine d'années, ces laïques décrivent avec simplicité leur parcours individuel et comment ce charisme influence leur vie au quotidien.

  

À la découverte des Sœurs de l'Enfant-Jésus

Diane Côté : Il y a plus de dix ans, j'ai été invitée à une première rencontre d'information pour faire partie du groupe de personnes associées. Après une courte réflexion, j'ai accepté de participer à un groupe de partage. Mais déjà le charisme des Sœurs de l'Enfant-Jésus m'avait rejointe. Lors d'une rencontre au presbytère de ma paroisse, j'avais été jumelée pour un échange avec sœur Denise Lachance; je ne la connaissais pas du tout, mais cette rencontre fut déterminante. L’intensité qui se dégageait de ses propos, l'écoute et la joie intérieure qui l'habitaient m'ont vraiment interpellée. Qu'est-ce qui peut faire vivre autant une personne ? Qu'elle est la source de sa motivation, à part sa foi... ? C'est le souvenir de cette rencontre qui m'a surtout amenée à accepter de cheminer avec les Sœurs de l'Enfant-Jésus.

 

Gilles Pelletier : J'ai été surpris d'être invité à me joindre à un groupe de personnes associées, en formation avec les Sœurs de l'Enfant-Jésus. Je me suis demandé comment il se fait qu'elles pensent à moi, qu'est-ce que j'irai faire là ? Je n'ai pas grand-chose à leur apporter, me suis-je dit. Au fond je me sentais mal à l'aise avec cette décision. J'étais déjà passablement pris par mon travail mais aussi par différents engagements. Finalement après beaucoup d'hésitation et en avoir discuté avec Diane, mon épouse, nous avons décidé d'aller à une première rencontre afin de prendre plus d'information, de voir qui serait du groupe et en quoi ces rencontres pourraient répondre à nos attentes. Ma décision a également été influencée par le témoignage de sœurs que je voyais travailler dans l'enseignement, en pastorale, en paroisse, à l'Atelier du Bonheur auprès des démunis. De plus, je les voyais vivre dans notre communauté paroissiale et s'y engager. Cette ouverture aux autres et leur engagement auprès des personnes démunies m'attirait... donc je me devais de bien considérer cette invitation.

 

Dès la première rencontre, l'accueil a été chaleureux; les sœurs se sont efforcées de nous mettre à l'aise et nous avons fait connaissance avec les membres du groupe. Elles nous ont expliqué le fonctionnement des rencontres mensuelles : il y aurait de l'enseignement suivi d'un temps de partage et un moment de prière. On nous a parlé également d'engagement à prendre et à renouveler à chaque année. Le principe me convenait et n'était pas trop engageant du moins à long terme. 

 

 

À la découverte de Reine Antier

Diane : J'ai appris à connaître Reine Antier, la fondatrice de cette communauté, lors des premières rencontres. J’ai découvert en cette religieuse une passion pour la vie, une foi inébranlable en Jésus Christ et par le fait même, j'ai compris ce qui fait vibrer les Sœurs de l'Enfant-Jésus.

 

Dès son jeune âge, Reine Antier s'est attachée particulièrement aux pauvres; son énergie se communiquait partout. Devenue religieuse, elle se consacra à l'enseignement, se préoccupant du sort de ses élèves en voyant en elles, la présence de l'enfant Jésus. Mais très vite, elle prend aussi en charge les malades en y discernant un autre appel de Dieu. Même si la tâche est lourde, elle est toujours présente aux religieuses dont elle est responsable et elle a le souci de les soutenir et de les réconforter en leur rappelant que Dieu ne les abandonnera jamais.

 

Ce charisme de Reine Antier est toujours aussi vivant et se perpétue au cœur des religieuses actuelles. Leur implication dans notre milieu est très parlante. Que ce soit dans l'enseignement, l'éducation de la foi ou bien auprès des malades et des personnes démunies, partout des gestes sont posés avec discrétion et sont vraiment des signes vivants de la présence de Dieu. Leur action autant que leur présence réconfortante sont source d'inspiration pour les gens.

 

Gilles : La seule chose que je connaissais de Reine Antier, c'est qu'il y avait une rue en face de la maison provinciale qui portait ce nom. Quelqu'un m'avait mentionné que c'était le nom de la fondatrice des Sœurs de l'Enfant-Jésus de Chauffailles, de là les rues Mère Antier et De Chauffailles.

 

J'ai été émerveillé devant la foi et le charisme de cette jeune fille. Déjà toute petite elle développait de la compassion pour les pauvres. Dès l'âge de quinze ans, ses études étaient terminées et l'appel du Seigneur à devenir religieuse a été entendu par cette jeune fille très à l'écoute et prête à s'engager afin d'aider les pauvres et les malades.  

 

 

 

Une rencontre qui change le regard

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Groupe de personnes associées : Diane Côté et Gilles Pelletier (au centre);
religieuses de l'Enfant-Jésus : Irène Lizotte (1ière à gauche)
et Hélène Grondin (1ière à droite).

 

 

Gilles : J'ai découvert Reine Antier dans sa grande bonté et dans sa générosité à faire autant de bien autour d'elle, dans la prière et au nom de sa foi. Alors j'ai réalisé que mes engagements dans la communauté, que je croyais nombreux et généreux, n'étaient que peu de choses, qu'ils n'avaient en réalité peu de sens dans ma vie de foi et qu'ils servaient surtout à me valoriser. J'en étais même un peu gêné de constater que je sélectionnais les appels du Seigneur selon mes intérêts personnels et qu'au fond, j'étais égoïste et tourné vers mes propres ambitions. Alors graduellement j'ai commencé à ne plus voir les gens de la même façon; mes engagements je les faisais afin de venir en aide aux personnes, qu'elles soient démunies ou malades : j'étais davantage au service de la communauté plutôt qu'à vouloir me valoriser dans mon bénévolat. Petit à petit je posais des gestes au nom de ma foi et afin de soulager la misère autour de moi; je devenais sensible aux besoins des autres et curieusement mon engagement n'était plus un fardeau : je l'accomplissais dans la joie, la fraternité et avec sérénité. Cette rencontre et cette découverte de Reine Antier ont changé ma façon de m'engager et même ma façon de vivre et de voir les gens autour de moi.

 

Diane : Depuis que je suis devenue associée, j'ai pu constater des changements dans ma vie; mon regard sur les personnes a changé. À mon travail, les patients n'étaient plus que des numéros; j'ai essayé alors d'humaniser les soins, rendre plus tendres mes approches et surtout me centrer plus sur les personnes que sur la tâche à accomplir. Le matin lorsque je monte travailler à l'hôpital, je prends ce temps pour prier et demander au Seigneur de bénir ceux et celles à qui je donnerais des soins. Ce moment d'intériorité me redonne de l'énergie et la joie nécessaires pour commencer la journée et je me sens accompagnée. 

 

 

Des changements qui transforment

Gilles : Cet émerveillement pour Reine Antier a apporté des changements dans ma vie et a fait naître des prises de conscience en regard de ma foi et de mes engagements. Je me suis vite rendu compte qu'il fallait nourrir cette foi par des rencontres mensuelles et c'est un peu par elles que je conserve le feu sacré. Ces rencontres me donnent un élan nouveau à chaque fois, les sujets traités me remettent en question sur un point ou l'autre; ce sont des petits pas qui font grandir ma foi.

 

C'est également en côtoyant de près les Sœurs de l'Enfant-Jésus que je peux constater qu'elles accomplissent vraiment la mission que Reine Antier leur a confiée. C'est une grande richesse qu'elles nous partagent et une part de l'héritage de cette dernière qu'elles nous lèguent. Leur engagement me stimule à m'impliquer davantage dans la communauté et à venir en aide aux plus petits au nom de ma foi. Je comprends mieux que ce n'est pas en m'isolant chez moi que j'agis comme témoin de Dieu.

 

Diane : Dans mon bénévolat, c'est surtout mon vocabulaire envers les personnes démunies qui a changé. J'ai appris à prendre position, à défendre ces gens et à ne plus les marginaliser. Je me laisse rejoindre par ces personnes en prenant le temps de les accueillir en leur donnant une meilleure qualité de présence et non seulement le dépannage alimentaire qu'elles demandent. Je cherche à découvrir l'espérance qui les habite même dans leur fragilité et à les soutenir en les encourageant à la manière de Reine Antier qui disait à ses sœurs de garder confiance en Dieu qui est toujours là. Cette dernière voyait l'enfant Jésus dans les plus petits : cette candeur dans le regard plein d'espérance qu'elle portait sur tout fut un point marquant dans ma découverte de cette femme. 

 

 

Devenir laïques associés... pourquoi ?

Gilles : Le fait d'être devenu laïque associé m'a fait prendre conscience que j'avais un rôle à jouer et une responsabilité comme chrétien afin de prolonger la mission de Reine Antier dans mon milieu que ce soit sur le plan social ou professionnel et même sur le plan spirituel. Parmi les sujets abordés lors de nos rencontres, ceux qui ont traité de la justice, de la non-violence, des jugements, de l'éthique ont suscité en moi un vif questionnement et une bonne prise de conscience. Cela a entraîné chez moi certains changements de comportement; je vois les choses différemment. D'autres sujets comme la prière, l'espérance, la souffrance et les béatitudes ont été pour moi des pistes de réflexion, de croissance personnelle, de paix intérieure et de nourriture pour ma foi. C'est une invitation à devenir meilleur, à vivre de cet amour reçu de Dieu et à transmettre une parcelle de l'héritage légué par Mère Antier.

 

Diane : Devenir meilleure et avoir le cœur habillé de cette tendresse du Seigneur est tout un projet de vie. C'est une invitation que les groupes de partage nous lancent. Le groupe joue un rôle important; le support, le respect, l'écoute nous aident à aller plus loin. Ces rencontres privilégiées sont dirigées avec compétence et respect. Les thèmes abordés lancent des pistes de réflexion. Le sujet de la non-violence m'a beaucoup rejointe. J’ai réalisé que les jugements ou les remarques sur l'apparence peuvent blesser souvent; je l'ai expérimenté.

 

Devenir associée a remis des balises dans ma vie, m'a recentrée sur les vraies valeurs : faire de la place dans mon cœur comme dans ma tête à cette tendresse de Dieu, me laisser rejoindre par Lui, prendre le temps de me laisser guider avant d'agir... être accueillante à la manière de Jésus. Afin de faire de la place aux gens dans le besoin, je dois laisser Dieu infiltrer mes pensées et mon cœur. Le cheminement commencé me permet de croire que Dieu a choisi cet outil pour me rejoindre et me donne le privilège de le faire avec une communauté religieuse très engagée et qui témoigne vraiment de la tendresse de Dieu. v 

 

* Diane Côté et Gilles Pelletier, de Rivière-du-Loup, sont mariés depuis 40 ans; ils sont parents de 3 enfants et grands-parents de 6 petits-enfants. En 2009, Diane et Gilles poursuivent leur engagement de personnes associées, leur travail professionnel en milieu hospitalier et leurs nombreux services bénévoles.

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